Le Moyen-Orient au menu

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La situation géopolitique au Moyen Orient et son impact sur Afrique. Thème choisi lundi soir par les organisateurs du Club diplomatique de Lomé (CDL) pour leur nouvelle conférence.

Invité, Roey Gilad, conseiller spécial pour les Affaires africaines au Centre de recherche politique du ministère israélien des Affaires étrangères.

Le thème choisi est on ne peu plus chaud. La région du Moyen Orient est l’objet de vives tensions et de conflits sanglants.

La montée des extrémismes dans cette région n’est pas sans conséquence pour l’Afrique victime d’actions terroristes au nom de l’Islam.

Le modérateur, David Gilmour, ambassadeur des Etats-Unis au Togo, n’a pas manqué de rappeler les enjeux pour les deux régions.

Roey Gilad a dressé un état des lieux.

Il existe quatre principaux acteurs politiques au Moyen-Orient (à l’exclusion d’Israël). 

Le premier, et jusqu’à présent le plus puissant, est l’axe irano-chiite. Il s’étend de l’Iran à l’Irak, la Syrie, le Liban et une représentation dans la bande de Gaza (Jihad islamique palestinien). A part Gaza (sunnite), Téhéran s’appuie sur les communautés chiites locales dans toutes ces autres régions.

Le second est le bloc sunnite modéré. Il comprend l’Égypte, l’Arabie saoudite, la Jordanie, l’Autorité palestinienne, les Emirats Arabes Unis et le reste des États du Golfe (à l’exception du Qatar).

Le troisième bloc est radical sunnite. 

Il englobe la Turquie, le Qatar, le Soudan et le Hamas (dans la bande de Gaza). Cet ensemble de pays adhère à la philosophie des Frères musulmans (un mouvement idéologique égyptien interdit dans ce pays).

Enfin, il existe un dernier bloc non étatique radical sunnite incarné par Al-Qaeda et l’État islamique en Syrie et au Levant (ISIL). 

Ce groupe est presque défait au Moyen-Orient, mais il tente une percée en Afrique.

Pour complexifier la situation, il existe deux conflits majeurs entre ces groupes qui font planer une véritable menace pour la stabilité du Moyen Orient. 

Le premier oppose l’axe chiite au bloc sunnite modéré. Le second se situe entre le bloc modéré sunnite et le bloc radical sunnite.

Le conflit entre l’axe chiite et le bloc sunnite modéré se déroule dans plusieurs pays du Moyen-Orient, en Syrie, au Liban, en Irak et sur le front le plus actif, le Yémen.

cdl

Le conflit entre sunnites modérés et sunnites radicaux a lieu dans le Golfe persique entre l’Arabie saoudite et les Emirats Arabes Unis, d’un côté, et le Qatar de l’autre. 

Un autre front existe dans la Corne de l’Afrique, où l’Arabie Saoudite, les Emirats et l’Égypte s’opposent au Qatar, à la Turquie et au Soudan pour tenter de renforcer leur influence.

Il existe, selon Roey Gilad, un dénominateur commun entre le Moyen Orient et l’Afrique. Ces deux régions sont confrontées au terrorisme.

La terreur s’appuie toujours sur un agenda idéologique (généralement l’islam radical). Cependant, certains zones sont encore plus en proie au terrorisme. Parmi les conditions qui contribuent à la propagation de la terreur, on peut citer la présence d’Etats défaillants, la faiblesse des gouvernements, le manque de cohésion sociale et, par-dessus tout, la frustration économique. Tous ces éléments se retrouvent au Moyen-Orient et en Afrique.

Pour Roey Gilad, l’Afrique peut tirer certaines leçons de l’expérience israélienne en matière de lutte contre le terrorisme. 

D’abord, avoir une approche holistique associant « le bâton et carotte ». Ensuite, il y a la détermination (la guerre contre le terrorisme est toujours plus longue qu’une guerre conventionnelle), la dissuasion, la nécessité de bâtir une unité nationale. 

Enfin il y a nécessité pour les pays d’Afrique de créer des partenariats dans le combat contre le terrorisme (G 5 au Sahel ou AMISOM en Somalie, par exemple).

Créé à l’initiative de Robert Dussey, le ministre des Affaires étrangères, le Club diplomatique de Lomé est un cercle de réflexion apolitique qui reçoit à intervalles réguliers des personnalités togolaises et étrangères issus du monde diplomatique, politique et d’organisations internationales.

De nombreux ambassadeurs assistaient à la rencontre parmi lesquels ceux d’Allemagne et de l’Union européenne.