La migration ne doit pas être le seul défi du post-Cotonou

La migration ne doit pas être le seul défi du post-Cotonou

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Le négociateur en chef des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique appelle à plus d’imagination pour l’avenir des relations UE-ACP.

Robert Dussey est ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et de l’Intégration africaine du Togo et négociateur en chef du groupe ACP pour l’avenir des relations avec l’UE après la fin de l’accord de Cotonou.

La péremption programmée de l’accord  de Cotonou en 2020 n’est pas la fin du partenariat ACP-UE. Les deux parties sont actuellement en pourparlers et les négociations pour un nouvel accord de partenariat commenceront dès ce 1er octobre 2018. La nouveauté de l’accord envisagé réside dans sa structure. L’accord aura un socle commun applicable à tous les membres du partenariat et trois partenariats régionaux spécifiques à l’Afrique, aux Caraïbes et au Pacifique (ACP).

L’accord post-Cotonou doit aider à la réalisation du développement durable dans les pays ACP. Le droit au développement des peuples ACP, les ODD, l’accord de Paris sur les changements climatiques et l’Agenda 2063 de l’Union Africaine doivent être au cœur du futur accord de partenariat ACP-UE.

Nous avons des raisons d’espérer, mais l’espoir dans l’avenir de notre partenariat n’est légitime que s’il repose sur l’engagement des deux parties à faire ensemble le chemin de la prospérité. Le partenariat ACP-UE ne peut tenir ses promesses que s’il n’annihile pas les efforts endogènes de développement des ACP, n’induit pas le démantèlement de leurs jeunes industries et économies.

Il nous faut plus d’ambition et d’imagination pour comprendre les enjeux nouveaux de notre coopération que nous souhaitons et voulons plus féconde, équitable et responsable. Les ACP espèrent moins la charité que la justice et l’équité dans les termes du futur accord de partenariat.

Les sujets à inscrire à l’agenda des négociations sont divers et toucheront des domaines telles que l’économie et l’investissement, la coopération au développement, la recherche et l’innovation technologique, les changements climatiques, la guerre à la pauvreté, la sécurité, le dialogue politique et la migration. Après attente des deux parties sur le socle commun de l’accord, les négociations sur les trois piliers régionaux seront lancées. L’objectif, c’est d’arriver à un accord qui tient vraiment compte des réalités et problèmes de chaque sphère géographique du groupe ACP.

L’avantage de cette approche est qu’elle donne à chaque région des ACP la possibilité d’influencer, ou, au besoin, de prendre en main les négociations techniques sur ses priorités stratégiques. L’approche est en phase avec la volonté des différentes régions, en particulier celle de l’Afrique clairement exprimée d’avoir un partenariat totalement décomplexé avec l’Europe dans un rapport de stricte égalité.

La question migratoire sera sans doute un point essentiel du pilier UE-Afrique de l’accord, mais elle ne doit pas éluder la pertinence des débats, impacter dans le sens négatif les termes de notre futur accord de coopération.

Au demeurant, nous restons convaincus que l’horizon du partenariat ACP-UE reste ouvert. Les prochaines négociations s’annoncent à grand pas. Les défis sont essentiels et les enjeux grands.  Un accord de partenariat vraiment juste et équitable entre l’Europe et les ACP aura, certainement pour l’Afrique, les Caraïbes et le Pacifique, des retombées que les accords antérieurs n’ont jamais eues. Je voudrais finir avec une pensée de Gaston Berger : « Demain ne sera pas comme hier. Il sera nouveau et il dépendra de nous. »