Dans le cadre de l’édition 2025 de la journée de l’Afrique, le ministère des Affaires Etrangères, de l’Intégration Régionale et des Togolais de l’Extérieur a organisé ce vendredi 23 mai 2025, à l’Université de Lomé dans les locaux du Centre International de Recherche en Linguistique (CIREL) communément appelé Village du Bénin, une conférence-débat autour du thème de cette année : « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine par les réparations ».
Cette conférence a été une occasion pour les participants d’approfondir leur compréhension des enjeux complexes liés aux réparations, analyser leurs implications multiples, et explorer, ensemble, les voies concrètes de leur mise en œuvre de manière réaliste, juste et constructive.

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L’intervention du Secrétaire général du ministère des affaires étrangères, representant le ministre.
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Excellences madame et messieurs les ambassadeurs, chefs de missions diplomatiques et postes consulaires accrédités au Togo,
Mesdames et messieurs les représentants des organisations internationales,
Mesdames et messieurs les directeurs et chefs de service du ministère des affaires étrangères, de l’intégration régionale et des Togolais de l’extérieur,
Chers panélistes,
Distingués représentants des communautés africaines installées au Togo,
Chers étudiants,
Distingués invités,
Mesdames et messieurs,
Je voudrais vous adresser, au nom de Son Excellence Prof. Robert DUSSEY, ministre des affaires étrangères, de l’intégration régionale et des Togolais de l’extérieur, et à mon nom personnel, la plus cordiale et chaleureuse bienvenue à cette conférence-débat, organisée par le ministère des affaires étrangères dans le cadre de la célébration de la journée de l’Afrique.
Permettez-moi de saluer votre présence ici, preuve éclatante de l’intérêt que vous portez à l’Afrique, notre cher continent, à son histoire, à ses luttes et à ses espérances. Cette mobilisation illustre parfaitement l’éveil d’une conscience africaine authentique et déterminée qui ne se résigne ni à l’oubli ni à l’inaction, mais qui a choisi la voie de la lucidité critique, du dialogue constructif et de l’engagement résolu pour bâtir le destin de notre continent.
Mesdames et messieurs,
La Journée de l’Afrique, célébrée chaque 25 mai, en mémoire de la création de l’Organisation de l’unité africaine en 1963, ne saurait être une simple célébration symbolique.
Elle est, avant tout, un hommage vivant aux idéaux portés par les pères fondateurs de l’unité africaine. Mais elle est aussi – et surtout – un rendez-vous avec notre conscience historique. Un moment pour réfléchir ensemble, raviver notre solidarité panafricaine, et réaffirmer notre engagement en faveur d’une Afrique unie, forte, souveraine… et pleinement maîtresse de son destin.
Après les festivités culturelles du 19 mai dernier, riches en couleurs, en rythmes et en symboles, cette conférence vient donner une autre dimension à notre célébration. Elle nous invite à penser. À débattre et à nous projeter.
Elle nous rassemble autour du thème retenu par l’Union africaine pour cette année 2025 : « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine par les réparations. »
Ce thème, vous en conviendrez, porte une charge historique immense.
Il s’inscrit dans une dynamique nouvelle. Une dynamique de reconnaissance, de réparation, et de réhabilitation.
Il fait écho à trois grandes tragédies de notre histoire : la déportation, l’esclavage et la colonisation.
Trois blessures profondes, qui ont marqué l’Afrique pendant des siècles.
Trois crimes dont les séquelles continuent d’affecter nos sociétés, nos économies et nos mémoires.
C’est dans ce contexte, et sous l’impulsion éclairée de Son Excellence Monsieur Faure Essozimna GNASSINGBE, Président du Conseil, que le Togo a pris ses responsabilités.
Notre pays a porté une initiative forte, claire, courageuse. Une initiative qui a conduit, le 16 février 2025, à une décision historique de l’Union africaine :
la reconnaissance, à l’unanimité, de l’esclavage, de la déportation et de la colonisation comme des crimes contre l’humanité, et des actes de génocide perpétrés contre les peuples africains.
Mesdames et messieurs,
Ce moment marque un tournant. Un tournant dans notre quête de justice, dans notre affirmation de dignité, et dans la manière dont l’Afrique choisit désormais de parler d’elle-même, de son histoire, et de son avenir.
Comprenons-nous bien : ce n’est nullement un appel à la revanche. Ce n’est pas davantage un cri de ressentiment stérile.
C’est un acte de mémoire conscient et nécessaire. Un acte de vérité historique. Un acte de responsabilité morale, politique et historique que nous assumons pleinement.
Et c’est, par-dessus tout, une étape fondamentale dans la reconstruction patiente d’un avenir commun, solidement ancré sur les piliers inébranlables de la vérité, de la justice et de l’honneur retrouvé.
Mesdames et Messieurs,
Cette décision historique engage l’Afrique. Elle n’est pas une fin en soi. Elle est un point de départ. Elle appelle à un véritable travail de mémoire, mais aussi, et surtout, à des actions concrètes : des actions juridiques, éducatives, symboliques, culturelles, mais aussi diplomatiques.
Elle exige un plaidoyer structuré, la mobilisation de toutes les forces vives du continent, y compris celles issues de sa diaspora, qui est une richesse et une force de projection pour l’Afrique.
C’est précisément dans cet esprit que s’inscrit la conférence d’aujourd’hui. Elle crée un espace de dialogue intellectuel privilégié, destiné à approfondir notre compréhension des enjeux complexes liés aux réparations, analyser leurs implications multiples, et explorer, ensemble, les voies concrètes de leur mise en œuvre – de manière réaliste, juste et constructive.
Le Togo, fidèle aux valeurs panafricaines de paix, de justice et de solidarité, a été désigné par l’Union africaine pour assurer le suivi et la mise en œuvre de cette décision. C’est une responsabilité majeure, que notre pays assume avec fierté, avec détermination, et avec engagement.
Cette responsabilité s’inscrit dans une continuité. Elle vient compléter d’autres initiatives fortes, parmi lesquelles :
- le lancement en 2021 de la Décennie des diasporas africaines,
- et l’organisation prochaine du 9ᵉ Congrès panafricain,
qui se tiendra à Lomé en décembre prochain, autour du thème :
« Renouveau du panafricanisme et rôle de l’Afrique dans la réforme des institutions multilatérales : mobiliser les ressources et se réinventer pour agir. »
Ce Congrès, grand rendez-vous diplomatique et intellectuel,
sera l’occasion de réaffirmer la centralité de l’Afrique dans un monde en mutation, et de construire une parole panafricaine collective,
forte, cohérente et audible.
Mesdames et Messieurs,
Notre rencontre d’aujourd’hui s’inscrit pleinement dans cette trajectoire historique et ambitieuse. Elle offre un espace d’échanges féconds, propice à l’approfondissement des enjeux liés aux réparations. Mais au-delà du constat, elle nous invite à penser l’action : à réfléchir ensemble aux outils, aux stratégies, et aux partenariats qui permettront de traduire cette exigence de justice en réalités concrètes, visibles et durables.
Je suis convaincu que les discussions de cette journée, nourries par la qualité des panélistes ici présents et la richesse de vos contributions, feront émerger des idées novatrices et des propositions fortes, à même d’éclairer notre chemin commun.
Vive l’Afrique, libre, digne et unie !
Vive le panafricanisme, rénové, assumé… et conquérant !
Je vous remercie pour votre attention.